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Rue du Pardon sur Télérama


Article paru dans Télérama du 26 Juin 2019

Elles sont de toutes les soirées privées, des circoncisions comme des mariages. Chantant et croquant la vie à pleines dents, elles charrient à travers leurs danses ce monde de la nuit qui est le leur, suggérant au passage leurs mœurs légères. Pas étonnant que l’écrivain et peintre Mahi Binebine ait eu envie de rendre hommage aux chikhats. Au Maroc, elles sont une institution. Et nul ne résiste à ces femmes divorcées ou veu ves, libres avant tout. Ni les hommes, qui les regardent avec concupiscence. Ni leurs épouses, qui les honnissent, avant de se laisser emporter dans le tourbillon de fête qu’elles génèrent. L’écrivain s’est attaché à l’une d’entre elles, Hayat (« la vie », en arabe dialectal marocain), sauvée d’une enfance saccagée par Mamyta, diva d’un autre âge qui lui apprend les ficelles du métier, au grand dam de ses propres filles. Il don ne à ce roman ramassé le rythme de ces folles soirées. On y croise Zahia, cartomancienne dont les maléfiques amulet tes produisent des « dégâts de notoriété publique », ou encore le Général, portier de palace, fidèle parmi les fidèles. Que la nuit est belle, dans ces pages portées par une langue somptueuse et truculente. A l’image de ce grand artiste qu’est Binebine.

| Ed. Stock, 160 p., 16,50 €.

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